Mission d’urgence à Palu : 1er – 9 octobre 2018
Palu est une ville d’Indonésie dans l’île des Célèbes, capitale de la province de Sulawesi Tengah. Elle est située au fond d’une longue baie étroite et peu profonde. Le 28 septembre 2018, un séisme de 7,4 degrés sur l’échelle de Richter est survenu à 10 h 2 min 43 s, temps universel, trois heures après une précédente secousse de 6,1 degrés. Une alerte au tsunami a été émise presque aussitôt et les vagues ont déferlé une vingtaine de minutes après la secousse tellurique.
28 septembre
L’alerte rouge est émise à la suite d’un séisme de magnitude 7,4, à 10km de profondeur suivi d’un tsunami de 6m qui a submergé la partie côtière de la ville de Palu dans le centre de l’Indonésie. Pompiers de l’urgence internationale est en monitoring et a contacté Erlina en Indonésie, notre contact local depuis le séisme de Padang en 2009. Nous surveillons de très près l’évolution de la situation.
30 septembre
Bien que le pays n’ait pas encore fait appel à l’aide internationale, la décision d’envoyer une équipe de secours est prise par PUI à la suite d’une sollicitation de l’équipe indonésienne « Jakarta Rescue » pour venir les aider à retrouver les victimes du séisme et leur apporter une aide logistique en production d’eau potable.
Nous faisons un appel général aux membres qui sont immédiatement disponibles pour partir. Une équipe de 5 personnes est constituée. Le choix a été déterminé sur l’expérience et sur les spécialités des personnels. Nous avons besoin des compétences en recherche, sauvetage et déblaiement et en production d’eau potable. Nous possédons 1 scanner de localisation et 1 ensemble caméra/capteurs de personnes ensevelies. Le Président Philippe Besson, Team leader de cette mission, décide que celui que nous amènerons sera offert à l’équipe indonésienne. Station de traitement de l’eau, sac secouriste, tente et valise PC constitue le fret de l’équipe. En tout, presque 200kg de matériel.
1er octobre
L’équipe décolle de Paris lundi 1 octobre à 22h. Nous volons sur des vols commerciaux ce qui rend plus difficile l’acheminement du matériel. D’ailleurs, un dépassement de poids des bagages avec 90kg en plus nous contraint au paiement d’une taxe de 1200 euros. Après un transit de 4h à Abu-Dhabi, le trajet se poursuit jusqu’à Jakarta.
Notre contact indonésien Erlina a dépêché une de ses amie francophone pour nous faciliter le changement d’aéroport et nous poursuivons le trajet en avion jusqu’à Makassar. Nos échanges avec Jakarta Rescue nous permettent de suivre l’évolution du travail des secours déjà engagés sur place. Un vol pour Palu est pris dans la foulée grâce à l’aide d’un représentant de Jakarta Rescue présent à Makassar.
3 octobre
Arrivés enfin à Palu après plus de 30 heures de voyage, l’équipe retrouve Jakarta Rescue qui les informe que le travail va s’effectuer immédiatement sur le site de l’hôtel Mercure, totalement dévasté par le séisme. C’est un complexe de 138 chambres. 80 personnes ont déjà été évacuées mais plus de 40 autres sont portées disparues. La première difficulté est que notre matériel n’a pas pris le même avion que nous. Celui-ci arrivera par un vol suivant.
4 octobre
Le travail de recherche sur l’hôtel Mercure est difficile. La structure est effondrée avec des zones en millefeuille et de nombreuses fissures dans les murs porteurs. Les chiens de l’équipe indonésienne marquent à plusieurs reprises. Pour l’instant aucun survivant n’a été retrouvé.
La population manque de tout et notamment d’eau potable. Le Tsunami ayant souillé le littoral et la plupart des piscines alentour, pas de possibilité d’utiliser les points d’eau douce à proximité. Le maire nous fait parvenir des réservoirs d’eau non potables que nous allons rendre consommables pour les sinistrés.
Nous poursuivons le travail de recherche avec Jakarta Rescue et Basarnas en prenant le maximum de précaution dans cette structure instable. Une nouvelle réplique a eu lieu cette nuit vers minuit.
7 jours après le séisme, les chances de retrouver des survivants s’amenuisent mais nous continuons à inspecter les décombres. En 2010 à Haïti, n’avions-nous pas sauvé un bébé 6 jours après le tremblement de terre ? La fatigue se fait sentir, mais la motivation reste entière.
5 et 6 octobre
L’équipe est envoyée dans le quartier de Balaroa ou les recherches se poursuivent avec les chiens de l’équipe cynotechnique de Jakarta Rescue et nos appareils de localisation. Les dégâts sont extrêmes et le sol a été soulevé et retourné par les ondes du séisme. Dans ce quartier on dénombre 500 disparus et plus de 1800 maisons englouties. A l’endroit du village de PETOBO, le phénomène de liquéfaction du sol a provoqué un véritable tsunami de boue, sur plus de 180 hectares, engloutissant plus de 400 familles et leurs habitations. Il faut s’attendre à un bilan de plusieurs milliers de disparus.
Le séisme a mis en vibration toute l’eau contenu dans le sous-sol de la ville qui s’est mélangée avec la terre en mouvement ; de véritables sables mouvants n’ont laissé aucune chance aux habitants, ensevelis vivants par la terre. Un des survivants nous explique que son habitation a parcouru plus de 2km dans la vague de boue et de terre. Petobo a complètement disparu et va devenir une zone de cimetière.
7 octobre
PUI et Jakarta Rescue sont démobilisées. L’organisation du retour est compliquée car nous ne pouvons pas repasser par Makassar. Nous transitons par Balikpapan et Bangkok et arrivons à Paris mardi 9 octobre au matin, après plus de 26 heures de voyage.
Le séisme et le tsunami ont fait un nombre très élevé de victimes. Le phénomène de liquéfaction du sol en boue n’avait encore jamais été constaté lors de nos précédentes interventions sur des catastrophes. La mission Palu a été difficile, compliquée et éprouvante mais nous pensons avoir fait le maximum pour aider la population touchée. Hélas, aucune victime vivante n’a pu être extraite des décombres alors que le bilan humain s’est alourdi jour après jour. L’appui technique et logistique apporté aux pompiers indonésiens a permis la mise en place rapide d’un dispositif de recherche, notamment sur le site d’effondrement de l’hôtel Mercure, ainsi que la production d’eau potable pour les habitants de Palu et les militaires de Balaraoa.